Le chêne

Si vous choisissez un bourdon de chêne, sachez qu’il a été coupé
en Pays Basque, sur cette terre qui est le passage obligé
de toutes les routes empruntées par les Jacquets.
Le chêne est force, sagesse et hospitalité;
il représente la puissance et la longévité.
C’est sous un chêne, que Saint Louis rendait la Justice.
Ce familier de nos forêts et de nos ancêtres représente à lui seul l’attachement que nous avons à notre sylve. 
Son port imposant, sa grande longévité (jusqu’à 2 000ans…..), 
sa large valeur d’usage et sa robustesse firent sa renommée. 
Le Chêne est force, majesté et sagesse.
Ce bois est investi d’attributions accordées à la spiritualité suprême car il attire la foudre et symbolise l’excellence. 
Il est souvent un instrument de communication entre les mondes souterrains, terriens et cosmiques.
C’est l’Arbre du Nemeton, le « Bois Sacré ». Dans les rituels celtes, il avait la première place. Tous les Chênes dits « sacrés », portent un nom distinctif qui les personnifient, faisant encore l’objet de ferveurs singulières dont certaines tiennent encore. 
Il est le symbole du temple, de la porte, le portique, l’ouverture vers la connaissance, de la Sagesse, de la Patience, la perduration, l’arcane résolu, l’idée de « passage », l’emblème de l’hospitalité. 
Arbre de Sagesse et de Force, le Chêne est dédié à Taranis, Thor, ou encore Dagda. Arbre jupitérien il est relié au pouvoir de la foudre. 
C’est l’arbre le plus Sacré des Druides autour duquel s’effectuent cérémonies et rituels. C’est bien souvent d’ailleurs autour des plus vieux et illustres de ces arbres que s’organisaient les Sanctuaires (Nemeton). Le périmètre de l’arbre était considéré comme particulièrement propice aux travaux divinatoires et magiques. 
On lui attribuait aussi la protection contre la foudre, ce dernier l’attirant souvent…
Ses fruits, les Glands, sont considérés comme étant aussi sacrés,
symbole de la force en puissance de l’arbre en devenir.
Le chêne est un arbre spirituel, on peut l’estimer comme un esprit très puissant en soi.
 Ses racines abritent bien souvent des créatures mystique, tels les Gnomes ou les Laminiak.
Il s’appelle Drus, l’arbre pour les Grecs, quercus pour les latins, Kaer quez le bel arbre pour les celtes (origine du nom), kass, cassanos, dervo, derv,déro, déru pour les gaulois romanisés ou armoricains, Eskin pour les Germains, reboli, casse, garric ou cassamba, pour les peuples d’oc, ariz pour les Basques. Der est souvent rencontré loin des terres armoricaines, jusqu’ en Champagne.
Le chêne tient une importance particulière dans la Genèse.
Il est arbre-clé entre Yahvé et Abraham :
Abram traversa le pays jusqu’au lieu saint de Sichem, au Chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. Yahvé apparut à Abram et dit : c’est à ta postérité que je donnerai ce pays. Et là, Abram bâtit un autel à Yahvé qui lui était apparu (Genèse : 12).
Ou encore :
Yahvé lui apparut au chêne de Mambré, tandis qu’il était assis à l’entrée de la tente, au plus chaud du jour (Genèse : 18).
Qu’il soit sessile (rouvre, drille, drillard, durelin), pubescent (chêne noir ou truffier), tauzin (chêne des Pyrénées, brosse doux ou angoumois) ou pédonculé (chêne blanc, châgne, gravelin ou à grappes), chêne faux liège (Drouis, chêne d’espagne), chêne faux houx (chêne yeuse, chêne vert, Eousé) ou chêne liège (Surier), le chêne a toujours fourni à l’homme, ombre, fraîcheur, nourriture pour les animaux et médecines. 
 
Par sa qualité, son bois est très prisé en ébénisterie et menuiserie ;
c’est un excellent bois de marine, et Colbert fit planter des chênes dont quelques-uns vivent encore aujourd’hui, en forêt de Tronçais et de Bercé.
Les vins prestigieux racontent l’harmonie du mariage entre le chêne,
tonneaux, bouchons, la vigne et le travail des Hommes.
 
Le chêne symbolise les forces morales et physiques, la sagesse, le savoir, l’autorité. C’est l’arbre des oracles, l’arbre sacré, de nombreuses traditions.
Le chêne est investi des privilèges de la divinité suprême du ciel.
Chez les Grecs, le chêne est l’arbre de Zeus.
Chez les Celtes ou les Sibériens, il est l’axe du monde, l’instrument de communication entre le ciel et la terre, un symbole de puissance. 
Abattre un chêne est un acte criminel.
Les Vikings construisent leurs embarcations et les sépultures en chêne rouvre.
Si le gland est symbole de fécondité chez la femme, il préserve l’homme du vieillissement.
Un monde de nymphes des arbres et des bois, dryades et hamadryades habitent son écorce.
C’est ce peuple magique que Ronsard veut protéger du bûcheron.
Escoute bûcheron, arreste un peu le bras
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivoyent dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurdrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de détresses
Mérites-tu, meschant, pour tuer des déesses ?
(Pierre Ronsard : Elégie XXIV) 
Pour les Druides, le chêne est le père mythique du gui, 
remède immémorial et panacée universelle (!).
Si une main divine l’a semé sur un chêne,
c’est pour qu’il soit chargé d’une part de sa puissance.
 
Nos bons livres d’Histoire, nous en avions encore et ce n’est plus le cas, 
nous enseignaient qu’ à Vincennes, 
était un très grand chêne sous lequel saint Louis aimait à rendre sa justice. 
 
Pour terminer sur une note poétique, 
voici le texte que nous laissa Chateaubriand :
 
La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre. Elle se leva au milieu de la nuit, comme une blanche vestale qui vient pleurer sur le cercueil d’une compagne. Bientôt elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie qu’elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers 
(François René de Chateaubriand : Atala).